Monsieur le premier ministre,
C'est dans le cadre d'une démarche citoyenne que je m'adresse à vous.
Après avoir envoyé par mail la lettre ci-jointe aux 577 députés, et avant de la transmettre à chacun des sénateurs, je me permets d'attirer votre attention sur les raisons de ce courrier.
Devant l'inaction de l'Etat en matière de prise en compte des sans abris, nous avons décidé, à quelques blogueurs, de tenter une mobilisation nationale avec l'aide d'Internet. Nous ne comprenons pas que la promesse faite le 18 décembre 2006 par notre Président ne soit toujours pas suivie d'effet, pis encore, à la lumière des premières réponses nous constatons que la volonté de la majorité de nos élus est de maintenir délibérément les plus faibles et délaissés de nos concitoyens dans le misère.
Pour attirer votre attention sur la différence entre la parlotte du futur chef de l'Etat et les actions (je devrais dire les inactions) qui suivent, je me permets de vous rappeler la fameuse déclaration de Charleville Mézières :
-" Je veux, si je suis élu président de la république, que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid. Parce que le droit à l'hébergement, je vais vous le dire, c'est une obligation humaine. Mes chers amis, comprenez-le bien : si on n'est plus choqués quand quelqu'un n'a pas de toit lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société où vous voulez que vos enfants vivent en paix qui s'en trouvera remis en cause."
A croire que Mézières a été confondu avec misère, puisque le 8 décembre 2009 lors du scrutin n° 0462, presque trois ans jour pour jour après la déclaration de Mr Sarkozy (déjà 1 an de retard), 282 députés sur 477 votants ont rejeté le projet de loi déposé, il est vrai, par l'opposition, ces 282 personnes étant toutes des représentants de l'UMP dont vous êtes, ainsi que le Président, des adhérents.
Pour la petite histoire, l'un des vôtres Monsieur Louis Guédon a fait apporter la précision qu'il s'était trompé et avait voté pour alors qu'il voulait voter contre ce projet … une manie décidément dans la majorité.
Certes, ce projet n'était pas de nature à éliminer totalement le problème des sans logis, mais il constituait un pas que vous n'avez pas souhaité franchir, dans l'analyse la plus favorable ou que vous avez refusé de faire dans le plus défavorable des cas.
Ne rien faire, c'est condamner de plus en plus de SDF et de mal logés au dénuement, mais cela ne semble pas le moins du monde atteindre les députés qui ne connaissent de la misère que les reportages télévisés.
Ne rien faire, c'est aussi démontrer que les promesses de campagne ne sont que miroir aux alouettes comme elles l'ont souvent été, même si celui qui les fait répète à l'envi :
-"Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis."
Ne rien faire, c'est faire reposer sur les épaules des bénévoles et des associations ce que l'Etat devrait prendre en charge, encore que les associations doivent entrer dans le "moule" que vous leur dessinez, on l'a vu avec les "enfants de Don Quichotte", au risque de se voir désavouer.
Vous pouvez faire quelque chose, si vous le souhaitez, si vous le voulez, non pas réguler le passage des véhicules d'aide sociale comme le voulait le secrétaire d'Etat Benoît Apparu, mais prendre de vraies mesure pour que tous ces gens "de la rue" aient au moins un toit pas seulement collectif pour vous donner bonne conscience, mais avec des chambres doubles ou individuelles et de quoi se réchauffer et se nourrir.
Tout ceci a un coût, j'en suis conscient, mais il est possible de trouver le financement par exemple en retirant quelques deniers du "grand emprunt", car je ne vous parlerai pas des cadeaux du paquet fiscal dont l'évocation est déjà éculée. Quant aux logements, ils existent dans la quasi-totalité des grandes villes de notre pays, il suffit de les aménager.
Maintenant, il faut faire vite parce qu'il fait froid, parce que vous n'avez rien fait de suffisamment concret depuis 2007 et parce que le froid tue comme, d'ailleurs, le chaud dont personne ne parle sauf en cas de canicule pour évoquer les personnes âgées et non les plus fragiles qui incluent les SDF.
Je me permets une suggestion, comme vous l'avez fait lors de l'"erreur de vote" de Jean François Lamour lors de l'acceptation de la taxation de 10% sur les bénéfices des banques, ou celle du sénateur centriste pour le nouveau découpage électoral, vous pourriez redéposer le projet de loi en y ajoutant une clause spéciale pour l'aide de l'Etat aux sans abris et une autre pour donner une date limite proche pour l'application du texte. C'est aussi ça l'expression de la volonté politique : le reflet des sentiments du peuple par delà les clivages, l'encouragement à la haine par opposition des catégories et l'exacerbation des travers humains.
Je compte sur votre intervention, nous comptons sur vous pour que les vœux publics du candidat président soient enfin exaucés très vite, fut-ce en retard.
L. Aymard
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